A partir de sons et d’images il est possible de réaliser des montages très différents. Yann Barthès a proposé un exemple intéressant dans le cadre de son émission « Quotidien Express » du 7 avril 2018 à propos des grèves en France. Première étape: le journaliste animateur producteur présente des sons et des images réalisé.e.s en Gare de Lyon.
A noter: ces images et sons ne sont pas présentés de façon brute: un montage a été réalisé, donc une sélection (quels morceaux d’interview sont gardés), un ordre (qu’est-ce qui vient en premier, et en dernier?) et un rythme (combien de temps pour telle thématique?), notamment. Yann Barthès commente en plus ce qui est diffusé, donc conduit l’écoute et le regard.
A partir des éléments enregistrés (et de quelques autres sons et images, pas intégrés dans cette première présentation), deux montages différents ont été réalisés.
Yann Barthès introduit le premier montage, comme cela se fait pour un « vrai » sujet de journal télévisé.
Repérer les images et sons utilisés dans ce montage tendancieux: qu’est-ce qui a été retenu, qu’est-ce qui a été coupé?
Comment les morceaux d’interview ont-ils été sélectionnés pour aller dans le sens d’un reportage qui souligne des aspects négatifs?
Voici le deuxième montage et son introduction:
Qu’est-ce qui contribue à souligner des éléments positifs dans ce reportage?
- ce qui est montré (et pas);
- ce qui est audible (sons d’ambiance) (et pas);
- ce qui est dit par les personnes interviewées, par la voix off (commentaire par-dessus les images), et finalement par le journaliste face caméra.
Après le reportage, quelle ambiance dans le studio! Avec musique, public qui se fait entendre (sans doute motivé par un « chauffeur de salle » qui encourage à applaudir et crier au bon moment), et mouvement de caméra pour présenter le décor, le public et quelques éléments techniques (caméra). L’émission joue la carte de l’information mais aussi celle du divertissement. Ceci pris en compte, il serait possible de re-visionner les 3 reportages proposés en notant ce qui pourrait relever de la mise en spectacle ou du divertissement.
Finalement peu d’images et de sons sont repris dans chacun des 3 reportages: le tableau ci-dessous présente en bas le premier reportage (images et sons présentés), au milieu le reportage 1 (« négatif ») et tout en haut le reportage 2 (« positif »). La démonstration aurait pu être plus convaincante en utilisant plus d’images et de sons semblables.
Le 4 avril Yann Barthès avait questionné la livraison d’images « clés en mains » par la SNCF aux médias (émission disponible en replay).
La plupart des télévisions sont abonnées à des fournisseurs d’images et de sons, et elles sélectionnent ce qu’elles souhaitent utiliser, quand elles n’envoient pas leurs propres équipes sur le terrain (ce qui est sans doute la meilleure option pour vérifier une information et la présenter de façon complète et originale). La SNCF semble avoir voulu proposer d’autres images aux télévisions qui ont diffusé surtout des plans montrant des foules d’usagers mécontents, traversant les voies à pied, entrant dans des trains par les fenêtres…
L’animateur précise que les principales chaînes TV de France n’ont pas repris ces images et interviews.
Yann Barthès fait remarquer ceci: « Ils ne mettent pas de logo au micro, comme on voit ici: micro noir, comme ça tout le monde peut l’utiliser ».
Une possibilité de visionnement critique: regarder un Journal télévisé avec une question: d’où proviennent les images et les sons présentés? qui les a réalisés (tournage, enregistrement sur le terrain), et qui les a montés et diffusés?
La réponse à ces questions n’est pas toujours aisée, mais des indices permettent de déterminer quelques provenances (logos d’entreprises de production ou de médias, titrages qui indiquent la source d’une archive, signatures en fin de reportage, générique final du JT).
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