Analyser un sujet de JT

Proposition de grilles d’analyse pour discuter un sujet de journal télévisé (JT).

Exemple: sujet diffusé sur la TSR (aujourd’hui RTS) le 2 mars 2009.

Titre: L’écologiste Guy Morin est le nouveau président de la ville et du canton de Bâle

Présentation: Les institutions bâloises sont désormais dirigées par un président. Placé pour quatre ans à la tête de ses collèges du gouvernement, l’écologiste Guy Morin est la nouvelle personnification du pouvoir bâlois.

Deux documents pdf sont à disposition pour faciliter l’analyse de ce sujet avec un groupe:

• analyse sujet JT: document de 4 pages à compléter, avec questions et tableaux;
• vignettes analyse sujet JT: les 23 plans du sujet sur une page A4 avec de l’espace pour noter des mots clés (et le déroulement du sujet en secondes).

Dans l’idéal, procéder à un premier visionnement du sujet sans prendre de notes, puis utiliser les documents pdf et revisionner le sujet autant de fois que nécessaire.

Lien vers le sujet à visionner.

(Le document vidéo archivé inclut parfois la traduction en langage des signes.

Une autre version de ce sujet est disponible si besoin ici.)

Les propositions de questions contenues dans le document « analyse sujet JT » sont les suivantes:

• description: sujet (titre) / chaîne TV / édition (horaire de diffusion) / durée totale du JT / durée du sujet / position du sujet (xème sur y)
• titres du début du JT (à remplir si le sujet est mentionné en titre): texte de titre (mots) / style du titre (genre de caractères, grandeur, emplacement) / image (qui / quoi / où / quand) / son (ambiance à l’arrière plan: bruits, musique, voix) / présentatrice ou présentateur (texte) / présentatrice ou présentateur (tonalité / emphase)
• décrire l’impression générale ressentie (sujet grave, important, triste, drôle?)
• résumer en quelques mots clés ce qui ressort du sujet ( qu’est-ce qui est dit, quels sont les enjeux, quels termes sont soulignés)
• noter dans un tableau: durée de chaque plan (voir feuille « vignettes analyse sujet JT) / image (plan: ce qu’on voit) / journaliste (P = présentation depuis le studio; J = journaliste sur le terrain; S = script en voix off) / interview (ce qui est dit par la personne interviewée, présentée en titre ou anonyme) / infographies et synthés (titrages, archives ou sources, identité et fonction, lieu, horaire) / son (ambiance, bruitage, musique)
• qu’est-ce qui est montré pour illustrer le sujet, et quelles autres images auraient pu être utilisées?
• quelle priorité est donnée entre textes et images: explique-t-on ce que l’on voit (l’image prime) ou illustre-t-on ce que l’on dit (le texte est prépondérant)?
• quels textes ne comprennent aucun commentaire (textes qui ne font que présenter des faits, sans jugement ni appréciation)
• le sujet présente-t-il le plus objectivement possible les faits, ou privilégie-t-il une interprétation particulière?
• en considérant qui s’exprime dans le sujet (et à quel titre), quelles autres personnes auraient pu être également interviewées ou consultées?
• les morceaux d’interviews sélectionnés pour figurer dans le sujet sont extraits d’entretiens le plus souvent plus longs; qu’est-ce qui a pu être dit d’autre à cette occasion (consulter d’autres médias pour répondre à ce point ou, si cela est possible, questionner une personne interviewée)?
• quelle part du reportage s’adresse à nos émotions, et quelle autre à notre réflexion?
• des images ou des mots utilisés pourraient-ils heurter un certain type de public, et pourquoi?
• une analyse plus complète peut être menée en prenant en compte le contexte de la diffusion: qu’est-ce qui précède et suit le sujet diffusé; la chaîne émettrice a-t-elle déjà traité ce sujet auparavant et comment; les chaînes concurrentes et les autres médias ont-ils déjà traité ce sujet et comment?

Une autre manière intéressante d’analyser un tel sujet est d’utiliser une grille en 7 points, proposée dans un ouvrage de référence en matière d’analyse de contenu audiovisuel:

1 numérotation: plan et durée
2 éléments visuels
3 échelle, angle, profondeur de champ (PDC), objectif (focale)
4 mouvements (à l’image / de la caméra)
5 raccords: passage d’un plan à l’autre (regard, mouvement, cut, fondu, effet)
6 son: paroles, bruits, musiques / échelle sonore, intensité, transitions sonores, chevauchements, continuité ou rupture sonore
7 relations sons – images: son in, off ou hors-champ / son diégétique ou extra-diégétique; synchronisme ou a-synchronisme entre images et sons

tiré de GOLIOT-LETE (2007), Précis d’analyse filmique

Le tableau ci-dessous indique quelques éléments clés qu’il est possible de noter. Ces propositions d’analyse sont détaillées ci-dessous.

Nous sommes placés derrière une personne qui regarde ce qui se passe à l’extérieur. Les lumières et les sons viennent de la rue.

« Un visage encore peu connu » est aperçu quand la lumière de l’extérieur vient l’éclairer. Gros plan: concentration sur la personne plutôt que sur son activité ou son environnement. Raccord de regard: le plan suivant nous montre ce que la personne regarde.

Premier plan du spectacle. Le son d’ambiance forme un tapis continu qui accompagne les 4 premiers plans du reportage (le son d’un des plans a été sélectionné et prolongé sous les 3 autres plans).

Prise de vue stabilisée, qui nous montre le spectacle de plus près.

Très gros plan à la fois sonore et image: on entend le bruit de clé et on la voit. Transition nette avec ce qui  précède, mais le mixage du son adoucit la coupe.

La porte s’ouvre et « nous » entrons (caméra subjective qui est déplacée). Noter que le mouvement d’ouverture de la porte est inversé (au plan précédent la porte s’ouvre sur la gauche, ici elle termine son ouverture sur la droite).  Pourtant, il est rare qu’une personne repère cela au premier visionnement: le mouvement crée une continuité dans notre perception du montage, même si une légère incohérence peut être relevée en analysant la séquence plan par plan.

Caméra stabilisée: la personne filmée prend place, au centre de l’image, sur son siège de président. Aucun élément perturbateur: tout va dans le sens de ce qui est raconté.

Raccord dans l’axe avec le plan précédent: « nous » étions devant le personnage, nous voyons maintenant depuis derrière lui la salle avec les places réservées aux collègues dont le script (voix off) nous parle.

La voix off dit le nom de la personne alors que la caméra nous présente un gros plan rapproché, avec mise au point sur le visage (arrière-plan flou).

Mise au point sur les vitraux, avec au centre le drapeau du canton de Neuchâtel, prélude à ce qui sera dit ensuite.

Plan classique pour une interview, avec le personnage bien visible, de la place devant son regard, et un environnement qui ne lui vole pas la vedette tout en étant en phase avec la fonction et/ou l’occupation de la personne filmée. Tuilage audio: on commence à entendre le bruit de la rue sur la fin du plan de l’interview, la transition est ainsi préparée (coupe moins brusque).

Mouvement panoramique droite-gauche de la caméra qui suit le personnage en déplacement. Prise de vue au grand angle qui accentue les perspectives.

Caméra portée (chapeau à la personne qui cadre tout en reculant!), avec mouvement panoramique bas-haut: quelqu’un marche… c’est lui.

Raccord dans le mouvement et dans l’axe: suivi du personnage depuis derrière cette fois. Mouvement panoramique de la caméra avec sortie de champ du personnage. La transition avec le plan fixe du même personnage est ainsi facilitée.

Une seule vignette mais pour 2 plans qui ont été associés au montage: Il y a une coupure dans l’interview, adoucie sur le plan de l’image par un rapide fondu enchaîné, entre « le campus de Novartis » et « et je pense que… ».

Transition par un fondu au noir, qui clarifie la dimension temporelle. Nous quittons l’actualité – prises de vue à l’occasion du Carnaval de Bâle – pour présenter quelques vues du personnage dans un autre contexte spatio-temporel.

Plan centré sur le personnage. Raccord dans l’axe avec le plan précédent.

Prise de vue au téléobjectif, avec écrasement des perspectives. Peut donner l’impression d’une prise de vue à distance, à la « paparazzi ».

Plan plus rapproché, avec une pancarte et un slogan. Quelques personnes présentées, d’autres cachées ou dont le visage est coupé. L’attention n’est pas focalisée sur une ou des personnes.

Gros plan (sonore et vidéo) pour une présentation dépouillée d’une activité.

Gros plan rapproché. L’éclairage à l’arrière plan peut renforcer le propos ( lumière, blancheur, dimension religieuse). Fin de cette séquence marquée par un fondu au noir pour revenir à l’espace-temps présenté en début de reportage.

Plan similaire au 2ème plan du reportage mais avec une différence majeure: le personnage est maintenant éclairé, visible tout du long: il est maintenant plus connu, grâce au sujet qui a été réalisé.

A nouveau tapis sonore continu depuis le plan précédent jusqu’au dernier plan du reportage, qui présente un zoom arrière (on s’éloigne). Synthés avec les noms des personnes en charge de la réalisation du reportage. Fondu enchaîné sur le plateau TV pour la suite du JT.